origines du nom Magopinaciophilie

samedi 7 juillet 2007

D'où vient le nom de Magopinaciophilie ? Qu'est-ce que c'est, en somme, qu'un marabout ? -- une sorte de guérisseur, envoûteur-désenvoûteur, sorcier.

Pour nommer cela, il existe en grec deux mots (entre autres) : /ho magos/ (le mage, le magicien, le sorcier) et /ho pharmakeus/ (celui qui compose des préparations magiques, des philtres, des poisons ; d'où également le magicien, le sorcier). L'inconvénient du second est qu'il présente avec le pharmacien (qui prépare lui des médicaments) une fâcheuse ambiguïté : en grec, le mot est le même ; le premier comporte au contraire une connotation intéressante dans le cas présent : c'est un terme aux résonances exotiques, servant spécialement chez les Grecs à désigner les sorciers orientaux (mèdes et perses)

« Prospectus », « carte publicitaire », etc., c'est plus coriace... Les Anciens vivaient très peu dans une société de consommation, leurs boîtes aux lettres, à en juger pas les témoignages qu'ils nous ont laissés et nos fouilles archéologiques, étaient très peu sujettes au bourrage incitatif des marchands ; les colporteurs de journaux gratuits, très rares sur l'agora ; le Parthénon, très peu rehaussé de jolies enseignes clignotantes... Enfin, on peut toujours se débrouiller avec de l'à-peu-près. Après tout, Socrate ne connaissait pas non plus les timbres, ni sans doute les étiquettes de boîte de camembert, et ça n'a pas empêché quelque docte savant de s'acquérir une gloire immortelle en pondant « philatélie » ou « tyrosémiophilie ».

Allons-y donc hardiment. Qui pourraient faire l'affaire, nous avons, en grec, les mots dérivés de /prographein/ (faire savoir par un écrit exposé en public, afficher, placarder), en particulier /programma/ ; l'ennui est que, les Anciens ne disposant pas du papier, tout ce qui pouvait s'apparenter à notre publicité moderne se faisait soit par annonce de vive voix (comme les crieurs d'antan), soit par affichage dans les lieux publics. Aussi, le terme /programma/ désigne moins un objet ou un support précis, que l'inscription publique elle-même. Cependant, je trouve le terme /pinakion/, qui signifie littéralement une « planchette », et par suite la tablette sur laquelle on écrit, le petit tableau servant d'affiche, la tablette sur laquelle votaient les juges, le /placet/, etc. -- support qui se rapproche assez du petit prospectus des marabouts.

D'où l'on peut former (n'ayons pas froid aux yeux) : /to magopinakion/ ou /to magoprogramma/, le prospectus de marabout.

Après quoi, c'est comme sur des roulettes qu'on barde et ficelle un magopinaciophile (attention au "i", très important pour distinguer l'amateur de prospectus de marabout de l'amateur de *tableaux* de marabout...), ou si l'on craint trop le risque de confusion (et la sonorité du mot) :

magoprogrammatophile, avec lequel on gagne une syllabe, ce qui n'est pas négligeable.

Ça vous pose un homme, ça, magopinaciophile, et magopinaciophilie, ce n'est plus qu'un simple passe-temps, c'est majestueux, c'est grandiose !